
CHRISTIANE EDA-PIERRE
Soprano d’exception, acclamée dans les plus grands opéras du monde, Christiane Eda-Pierre a marqué son époque de sa voix lumineuse, ses choix de répertoire et sa personnalité à la fois pudique et rayonnante. Cinq ans après sa disparition, la Médiathèque musicale de Paris porte désormais son nom ; l'occasion de (re)découvrir une artiste admirée des amateurs de chant lyrique, mais encore méconnue du grand public.
Née en 1932 à Fort-de-France dans une famille d’intellectuels et d’artistes, Christiane Eda-Pierre fait partie de ces cantatrices dont la technique et la sensibilité forment une alliance parfaite. Son timbre, chaud et souple, a l'agilité d'un colorature et sert aussi bien le répertoire classique – c'est une grande mozartienne – que les œuvres baroques ou contemporaines.
Après un parcours exemplaire au Conservatoire de Paris, elle passe douze ans dans la troupe de l’Opéra-Comique. Cette expérience fait d’elle une musicienne avant d’être une vedette. « Cela a été quelque chose de merveilleux, pour l’ambiance et pour les contacts humains : une impression de famille. Et puis j’ai vraiment appris mon métier là. » (1) Nommé à la tête de l’opéra en 1973, Rolf Liebermann remplace la troupe par des artistes engagés à la représentation. Pour autant, il ouvre de nouvelles perspectives à Christiane Eda-Pierre, qui dira plus tard qu’elle lui doit beaucoup. S’enchaînent alors les premiers rôles : la Comtesse, Gilda, Constance, Violetta, Donna Anna…
Sous la baguette de Pierre Boulez, Neville Marriner, Georg Solti, Daniel Barenboim, Colin Davis, Seiji Ozawa ou James Levine, elle s’impose comme la première grande voix française d’origine antillaise à conquérir la scène lyrique internationale, même si sa personnalité reste toujours d'une discrétion raffinée. « C’est la Martinique qui fait que je chante comme je chante […] Cette personnalité, c’est le soleil. Il y a chez nous, Antillais, une sorte de grande sensibilité, de pudeur ; nous sommes plutôt réservés. » (1)
Hormis le rôle de Constance, qui lui vaut une reconnaissance mondiale, on peut retenir trois grands moments d’opéra. En mars 1974, elle participe à une production marseillaise des Puritains de Bellini qui sera longtemps considérée comme une référence. En février 1976 à l'Opéra de Paris, elle partage avec Margaret Price le rôle de la comtesse des Noces de Figaro. En 1980, elle incarne Gilda dans un Rigoletto mémorable, donné avec Pavarotti à Central Park devant 300.000 spectateurs.
Son parcours, c’est aussi des choix audacieux. « Je suis passionnée de musique baroque » (1), dit-elle. Dans le sillage de Jean-François Paillard, elle interprète Lully, Rameau, Campra, bien avant le regain d'intérêt général pour ce répertoire. Plus tard, elle s’engage dans la création contemporaine : elle est l’Ange de Saint François d’Assise de Messiaen, et endosse le rôle-titre du monodrame de Charles Chaynes, Erzsebet. « Concernant le répertoire, comme pour toute ma carrière en général, je crois avoir fait ce que je voulais faire, non pas ce qu’on attendait de moi. Je suis un artisan du chant. » (2)
Enfin, il y a sa carrière d’enseignante. Nommée au Conservatoire en 1977 – la même année que Marius Constant –, elle y enseigne pendant vingt ans. « J’essaye de maintenir cette joie de chanter dont parlait Charles Panzéra, parce que je crois que, sans joie, on ne peut pas être détendus et libres. Ce n’est pas un cours magistral, c’est un échange. Je reçois autant que je donne. » (1)
Elle est Grand officier de l’Ordre National du Mérite, Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur des Arts et Lettres. Alors pourquoi est-elle encore si méconnue ? Parce que l’art lyrique à son époque était peu accessible ? Parce qu’elle n’a jamais cherché la médiatisation ? Ou parce que les récits nationaux négligent les figures féminines, surtout venues d'outre-mer ?
Il est temps de faire entendre sa voix. « Christiane Eda-Pierre n'a pas seulement une voix privilégiée et une technique suprêmement intelligente, elle a aussi cette qualité précieuse entre toutes, la simplicité. [Elle est] l'une de ces artistes d'exception chez qui la musique est devenue le pur reflet d'une beauté intérieure. » (3)



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Opéra International, mai 1978. Portrait : Christiane Eda-Pierre : La joie de chanter. Propos recueillis par Jean Goury.
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L'art de Christiane Eda-Pierre : airs d'opéras comiques, Universal Music, 2013 [MAGASIN N 64386] Propos recueillis par Christophe Capacci.
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Lyrica, 15 mars 1976, Une nouvelle Constance : Christiane Eda-Pierre, entretien avec Edith Walter.
Retrouvez ici le numéro de La Musicale consacré à Christiane Eda-Pierre, avec trois regards sur son parcours :
° Une carrière exceptionnelle
° En scène : de Constance à l'Ange
° La négritude en héritage
Ci-dessous les 33 tours disponibles en consultation sur place à la médiathèque.
















![Florilège des opéras de Gioacchino Rossini / G. Rossini, comp. ; Orchestre National de l'Opéra de Monte-Carlo, interpr.
Compositeur(s) / Interprète(s) : Rossini, Gioacchino (1792-1868) [983]
Autre(s) Compositeur(s) / Interprète(s) :
Eda-Pierre, Christiane (1932-2020) [Mezzo-soprano] [17]
Alva, Luigi (1927-2025) [Ténor] [6]
Stecchi, Marco (1934?-...) [Baryton] [1]
Foldi, Andrew (1926-2007) [Baryton] [1]
Maddalena, Alessandro (19..-19....) (musicien) [Basse] [1]
Denize, Nadine (1943-...) [Mezzo-soprano] [3]
Bodini, Henri [Ténor] [1]
Angeli, François [Basse] [3]
Rivoli, Gianfranco (1921-...) [Chef d'orchestre] [12]
González, Carmen (19..-....) (chanteuse lyrique) [Mezzo-soprano] [1]
Gimenez, Eduardo (1940-...) [Ténor] [1]
Trempont, Michel (1928-2021) [Baryton] [1]
Garner, Françoise (1933-2024) [Soprano] [1]
Brunner, Evelyn (1949-...) [Soprano] [1]
Giovaninetti, Reynald (1932-2021) [Chef d'orchestre] [1]
Marchisio, Mario [Ténor] [1]
Bettens, Étienne [Basse] [1]
Presset, Gaston [Basse] [1]
Jones, D [Mezzo-soprano] [2614]
Ribeiro Murao, Antonio [Ténor] [1]
Hasler, Samuel [Baryton] [1]
Dunand, Robert (1928-...) [Chef d'orchestre] [2]
Mallabrera, André (1934-2017) [Ténor] [5]
Opéra de Monte-Carlo [139]
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo [123]
Orchestre de chambre de Genève [12]
Titre conventionnel
Il barbiere di Siviglia. Intégrale
Il Signor Bruschino. Choix
L'Italiana in Algeri. Choix [1]
Otello. choix [142]
Le Comte Ory. Choix [52]
La Cenerentola. Choix
Publication
Guilde Internationale du disque, 1970 [219]
Description
6 disques : 33 t, stéréo ; 30 cm + 1 livret (26 p.)
Collection
L'Univers féerique de l'opéra [1]
Note(s) spécifique(s)
Enregistré en Juin et juillet 1970 à Monte-Carlo, en 1970 à Genève (en novembre)
Édition vinyle
Textes en italien
N° com et marque
SMS2779 GID
Classification musicale
3.37 [2385]
Contient
Enregistrement(s)
Le Barbier de Séville / Eda-Pierre, soprano (Rosina) ; L. Alva, ténor (Almaviva) ; M. Stecchi, baryton (Figaro),... ; G. Rivoli, dir.
La Cenerentola (extraits) : Acte I et II / C. Gonzalez, mezzo-soprano (Cenerentola) ; E. Gimenez, ténor (Ramiro) ; M Trempot, baryton (Dandini),... ; R. Giovanineti, dir.
Il Signor Bruschino (extraits) / E. Brunner, soprano (Sofia) ; M. Marchisio, ténor (Florville) ; E. Bettens, basse (Gaudenzio)... ; Collegium Academicum de Genève, interpr. ; R. Dunand, dir.
Le Comte Ory (extraits) : Acte I et II / F. Garner, soprano (La Comtesse) ; E. Brunner, soprano (Isolier) ; A. Mallabrera, ténor (Le Comte) ; R. Giovaninetti, dir.
L'Italienne à Alger (extraits) / C. Gonsalez, mezzo-soprano (Isabella) ; E. Gimenez, ténor (Lindoro) ; M. Trempont, baryton (Taddeo) ; R. Giovaninetti, dir.
Otello (extraits) / E. Brunner, soprano (Desdemona) ; A. Mallabrera, ténor (Gondolier) ; R. Giovaninetti, dir.
Cote : T 32329/34 - À consulter sur place](https://static.wixstatic.com/media/4bf42e_9cd0864205e94fc49c233dd5081f0369~mv2.jpg/v1/fit/w_205,h_199,q_90,enc_avif,quality_auto/4bf42e_9cd0864205e94fc49c233dd5081f0369~mv2.jpg)
